C’est un sujet qui revient sans cesse dans mes accompagnements, alors j’ai eu envie d’en reparler ici, surtout après avoir écouté un épisode très percutant d’Alex Hormozi : Stop following your passion.
Dans cet article (et dans l’épisode de podcast associé), je vais t’expliquer pourquoi suivre ta passion peut être une fausse bonne idée — et surtout, quoi faire à la place pour trouver un métier qui te rend vraiment heureux·se.
5 raisons de ne pas suivre ta passion
1. La passion est une conséquence, pas une cause
Tu n’es pas passionné par quelque chose avant d’y être bon. C’est souvent l’inverse : tu deviens passionné·e parce que tu progresses, parce que tu prends confiance, parce que tu comprends mieux.
Dans son livre Grit (traduit en français par L’art de la niaque), Angela Duckworth montre que la réussite repose beaucoup plus sur la ténacité que sur le talent brut. Et elle identifie 4 étapes dans ce processus :
- Une découverte initiale, souvent par hasard.
Exemple : Une de mes élèves, E., a fait un stage en CP. Elle y a rencontré un enfant victime d’un AVC. Cette rencontre l’a bouleversée : elle a voulu aider les enfants. Cette année, on a monté ensemble un dossier pour l’orthophonie. - La pratique : tu fais, tu te trompes, tu recommences. Comme moi avec ce podcast !
- Tu prends conscience de la valeur de ce que tu fais.
- Et là… la passion arrive.
👉 Compétence + temps = passion
Ce que dit aussi Alex Hormozi, c’est que ceux qui ont “suivi leur passion” ont souvent oublié qu’ils ont beaucoup travaillé au début.
Et si tu n’as pas encore trouvé ta passion ? Ou si tu aimes tout ? Pas de panique. Ce n’est pas une fatalité.
➡️ Demande-toi plutôt : dans quoi suis-je naturellement bon·ne ?
Warren Buffett appelle ça le cercle de compétence. Et travailler dans ce cercle rend les choses beaucoup plus simples.
2. Tu peux être passionné·e… sans être bon·ne
Et oui. Ce n’est pas parce que tu adores quelque chose que tu es doué·e pour ça.
J’en ai parlé dans l’épisode 64 : parfois, le bon équilibre, c’est peut être d’avoir un métier ET une passion à côté.
Par exemple, A. est passionné de ski. Il passe même son monitorat. Mais il ne veut pas en faire un métier. Pourquoi ? Parce qu’il est doué pour créer du lien et qu’il aime les chiffres. On a choisi ensemble une école de commerce. Il pourra skier pendant ses week-ends, avec plus de liberté.
Autre exemple : S., une élève qui a fait plusieurs stages en lien avec ses passions (couture, animaux). Verdict : dès qu’elle devait le faire tous les jours… sa passion s’évaporait.
3. La passion ne remplace pas le travail
Même les gens passionnés doivent s’entraîner, répéter, traverser des phases de doute et de fatigue.
C’est pareil pour les sportifs, les artistes, les YouTubeurs. Ils aiment ce qu’ils font, oui, mais ils bossent énormément. Et parfois, ils en ont marre.
Et si tu fais de ta passion un métier… il y a un risque : qu’elle devienne une obligation, un poids. Et que tu finisses par ne plus l’aimer du tout.
4. Une passion ne paie pas toujours les factures
Certaines passions ne permettent pas de vivre décemment. Et peut-être que ce n’est pas grave pour toi — Liz Gilbert (l’autrice d’Eat Pray Love) dit souvent qu’elle ne demande pas à sa passion de la nourrir.
Mais pose-toi la question : veux-tu être stable financièrement au début de ta vie ?
Si oui, ce n’est peut-être pas à ta passion de te donner cette stabilité.
5. Tu changes. Tes passions aussi.
Ce que tu aimes à 15 ans ne sera pas forcément ce que tu aimeras à 30.
Et suivre une passion comme si elle allait durer toute ta vie, c’est parfois s’enfermer dans un tunnel très étroit… et très compétitif.
Alors, on fait quoi à la place de suivre sa passion ?
Voici 5 pistes concrètes pour bien s’orienter sans attendre LA révélation
1. Mise sur tes talents naturels (même si ça ne te passionne pas… encore)
On a tous des zones où on performe sans y penser. C’est ce qu’on appelle parfois des talents naturels ou des forces innées. Ce sont des choses que tu fais bien sans forcer — et souvent, tu ne les remarques même pas parce qu’elles te paraissent faciles.
👉 Exemple : Certains jeunes sont naturellement à l’aise à l’oral, savent mettre les autres à l’aise, ou ont un sens du contact très fluide. D’autres sont hyper logiques, bons en organisation ou très empathiques. Ce n’est peut-être pas “leur passion”, mais ce sont des points forts stables, sur lesquels on peut construire une orientation solide.
Ce que je dis souvent : ce n’est pas parce que quelque chose te semble facile que ce n’est pas une compétence intéressante
Et surtout : quand tu développes un talent, le plaisir vient souvent après. On peut très bien apprendre à aimer ce qu’on maîtrise.
2. Adopte une autre posture : choisis d’aimer ce que tu fais
Parfois, on attend un “déclic”. Une révélation. Un grand coup de foudre professionnel. Mais dans la vraie vie, ça marche rarement comme ça.
👉 Et si tu changeais de posture ? Au lieu d’attendre de ressentir une passion… tu peux choisir de t’investir avec curiosité, ouverture, voire avec amour dans ce que tu fais déjà.
C’est un peu comme une relation : au début, tu apprends à connaître, tu avances à petits pas… et avec le temps, tu développes un attachement. C’est pareil pour un métier ou un domaine.
🧠 Et fun fact : des études en psychologie montrent que quand tu t’impliques activement dans une activité, ton cerveau commence à y trouver plus de plaisir. Donc parfois, l’engagement précède le goût.
3. Tourne-toi vers les autres : le sens naît dans la contribution
C’est un point clé, que j’observe dans quasiment tous mes accompagnements : quand on s’oriente uniquement en se demandant « Qu’est-ce que j’aime ? », on finit souvent perdu. Mais quand on se demande « À qui j’ai envie d’être utile ? », là, ça devient tout de suite plus clair.
👉 Exemple personnel : parfois, je n’ai pas envie d’enregistrer un épisode de podcast, d’animer un webinaire à 20h30, ou de corriger des dossiers. Et pourtant, je le fais avec envie… parce que je sais que ça va servir à quelqu’un. Aider, ça me donne de l’énergie.
C’est pareil pour plein de métiers : quand tu te concentres sur l’impact que tu peux avoir, tu développes une forme de motivation profonde, plus durable que la simple passion.
🔑 Orienter sa carrière vers les autres — c’est souvent là que le sens, la satisfaction, et l’envie de se lever le matin prennent racine.
4. Explore, teste, et joue au “tu chauffes / tu refroidis”
Tu ne peux pas tomber amoureux d’un domaine si tu ne l’as jamais essayé. Et non, lire une fiche métier ou regarder un TikTok sur un job, ça ne compte pas.
👉 Il faut tester dans la vraie vie : stage, bénévolat, immersion, discussion avec des pros, projet personnel… Peu importe la forme, mais il faut faire.
Et pendant cette exploration, adopte le jeu du “tu chauffes / tu refroidis”. Est-ce que ce que tu vis là te stimule ? Te donne envie de creuser ? Ou est-ce que tu ressens un non clair ? Tu peux alors ajuster.
Mais attention : ne cherche pas un feu d’artifice à chaque étape. Il faut aussi tolérer une part d’inconfort, surtout au début. L’apprentissage, c’est exigeant. La répétition, ce n’est pas toujours fun. Mais c’est nécessaire pour avancer vraiment.
5. Soigne ton environnement : il façonne qui tu deviens
On ne le dira jamais assez : tu es la moyenne des personnes que tu fréquentes le plus. Et ton environnement a un poids énorme sur ta motivation, tes ambitions, ta manière de te projeter.
👉 Exemple : C., une élève pas particulièrement “brillante” en terminale, a commencé des études de droit. Plutôt que de rester en colocation avec ses amis de lycée, elle a choisi de s’installer avec des redoublants qui voulaient absolument réussir. Résultat : elle a été portée par leur énergie. Elle travaille plus, elle comprend mieux les enjeux… et elle a trouvé du plaisir à progresser.
Si tu passes ton temps avec des gens désabusés, qui détestent leur job ou qui se plaignent de tout, devine ce que tu vas finir par ressentir ?
Et l’inverse est vrai aussi.
🔄 Entoure-toi de gens qui aiment ce qu’ils font → tu verras que c’est contagieux.
En résumé (et à retenir)
👉 La passion, ce n’est pas un point de départ, c’est souvent une conséquence.
👉 L’orientation, ce n’est pas un choix magique, c’est un chemin fait de tests, de recul, de réalignement.
👉 Et pour aimer ce que tu fais, commence par t’impliquer, aider, pratiquer, t’entourer… le reste viendra.
Si tu veux d’autres conseils sur ton orientation, tu peux me suivre sur instagram ou encore mieux, t’abonner à ma newsletter pour recevoir des invitations à mes ateliers gratuits sur zoom.
Photo de Nadine E
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