L’impact de l’intelligence artificielle sur les futurs emplois et donc sur le choix d’orientation est une question qui revient souvent.
Je n’ai pas la réponse (personne ne l’a vraiment), mais j’ai posé la question à deux de mes podcasteurs préférés :
- Kevin Roose, journaliste au NY times du podcast Hard Fork, un podcast sur la technologie et le futur. Il m’a répondu et a aussi fait plusieurs interview à ce sujet récemment. Ces 2 épisodes m’ont inspirée : The A.I. Job Apocalypse Is Here et l’interview du CEO de deepmind. l’entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle appartenant à Google
- Tim Ferris, un podcaster que je suis depuis au moins 15 ans presque chaque semaine. J’ai pu participer à un Q&A avec une vingtaine de personnes et poser la question « si tu devais être le mentor d’un jeune de 18 ans aujourd’hui à l’heure où l’IA se développe, que lui conseillerais tu d’étudier.
J’ai donc fait la synthèse de tout ce que j’ai appris.
1. Un constat : l’IA va affecter l’emploi, et plus particulièrement celui des jeunes
L’an dernier, j’ai discuté avec le fils d’un ami, étudiant à Harvard. Il m’expliquait que les jeunes diplômés en informatique avaient de plus en plus de difficultés à trouver des stages.
À l’époque, il pensait qu’associer l’informatique à un autre bachelor ou master pouvait être une bonne idée : l’informatique comme soutien à la biologie, l’astronomie, etc.
Aux États-Unis, on constate déjà une baisse de l’emploi des jeunes diplômés – notamment dans le coding, la finance, le marketing.
Est-ce uniquement dû à l’IA ? Non.
La situation économique et politique actuelle est aussi une raison majeure pour geler les embauches. Mais l’IA joue un rôle de plus en plus visible.
Des effets d’annonce clairs de la part des entreprises
Des entreprises comme Duolingo ou Shopify ont été très claires :
“The company will go AI-first.” – Duolingo
Chez Shopify, c’est encore plus radical :
“Managers must now show why artificial intelligence cannot perform a job before being granted permission to hire human talent.”
Tobi Lütke, CEO de Shopify, explique qu’il y a désormais une :
“fundamental expectation” that employees incorporate AI into their daily work. Those who fail to embrace these tools are explicitly marked for underperformance, likely the first step toward eventual redundancy.
En d’autres termes, on s’attend à ce que les employés utilisent l’IA dans leur quotidien.
Ceux qui ne le font pas sont considérés comme moins performants – ce qui peut être le premier pas vers un licenciement.
“Make yourself irreplaceable through uniquely human capabilities while simultaneously becoming an AI power user. Don’t fight AI.”
Rends-toi irremplaçable grâce à des caractéristiques purement humaines, tout en devenant un excellent utilisateur de l’IA. Ne te bats pas contre l’IA.
“The fundamental question is shifting from ‘Can AI do this job?’ to ‘Prove to me why AI can’t.’”
La question fondamentale passe de « Est-ce que l’IA peut faire ce job ? » à « Prouve-moi que l’IA ne peut pas faire ce job. »
Contre-exemple : certaines entreprises font marche arrière
On est encore aux prémices de ces bouleversements. Et certaines entreprises reviennent sur leurs décisions.
C’est le cas de Klarna, entreprise qui permet d’acheter aujourd’hui et de payer plus tard.
Il y a deux ans, Klarna a annoncé vouloir remplacer l’ensemble de son service client par l’IA. Mais les clients n’ont pas aimé. Ils ont donc recommencé à embaucher des humains.
Aujourd’hui, l’IA fait encore beaucoup d’erreurs… mais les humains aussi.
Et la question que se posent les entreprises n’est pas :
« Est-ce que le système IA ne fait absolument aucune erreur ? »
Mais plutôt :
« Est-ce que le système a davantage de chance de faire moins d’erreurs qu’un humain qui ferait ce travail ? »
Et si le système est 20 % moins efficace qu’un humain mais 80 % moins cher, certains CEO ne vont pas se poser trop de questions.
2. Alors, que doit-on étudier ?
Si c’est possible :
👉 STEM : science, technology, engineering and mathematics Le diplôme d’ingénieur a encore de beaux jours devant lui.
👉 Apprendre le code
Pas pour devenir développeur à tout prix, mais pour comprendre comment les choses fonctionnent, et surtout ce qu’on peut faire avec.
👉 Tous les métiers en lien avec le lien humain
Oui, on peut demander à ChatGPT de faire une psychothérapie, mais pour l’instant, un humain, c’est mieux.
“The most defensible positions will center on traits AI struggles to replicate: genuine empathy, creative vision, relationship-building, and ethical decision-making.”
Les métiers les plus difficiles à remplacer par l’IA sont ceux qui mobilisent des capacités que l’IA ne parvient pas (encore) à répliquer :
- la vraie empathie,
- une vision créative,
- la capacité à créer du lien,
- une approche éthique dans la prise de décision.
👉 Les métiers manuels
Créer, réparer, fabriquer… Ces métiers ne seront pas remplacés de sitôt.
👉 Explorer les innovations technologiques
Et réfléchir à comment elles peuvent te permettre de devenir un “super humain”.
Difficile de se battre contre l’IA. Mais utiliser ces outils sans aucun recul critique n’a pas de sens non plus.
Exemple : utiliser ChatGPT pour chercher des idées, oui. Mais pas pour écrire un article sans le relire.
👉 Investir dans des compétences de base, des méta-compétences
- Apprendre à apprendre
- S’adapter aux changements
- Être flexible
- Être résilient
Et surtout : trouver sa singularité et être créatif.
4. Cultiver sa touche humaine
Pour préserver cette singularité et cette créativité, il est essentiel d’encourager des activités hors d’Internet :
peinture, jardinage, bricolage…
Ces activités seront de plus en plus nécessaires pour la santé mentale et pour garder sa touche humaine dans un monde automatisé.
Selon Tim Ferriss, écrire est une compétence à conserver précieusement.
(Cf. mon post : “On ne sait plus compter depuis la calculatrice, plus trouver son chemin à cause de Google Maps, plus chercher de l’info grâce à Google…”)
L’IA nous rend parfois plus paresseux sur la créativité et l’écriture.
Donc garder cette compétence (écrire, raconter, formuler) est stratégique.
Conclusion
Certains jobs vont disparaître. D’autres vont apparaître.
Et cette génération va commencer sa carrière avec l’IA, ce qui veut dire qu’elle va s’adapter mieux que nous.
Mais cela suppose de faire des choix d’orientation éclairés, en tenant compte de ces évolutions technologiques sans les subir.
Photo de Igor Omilaev
0 commentaires